dimanche 29 mai 2016

Avertissement

Normalement, dans un blog, les articles les plus récents sont ceux qui apparaissent en premier, les plus anciens étant accessibles à la fin par un menu déroulant.
Par contre, pour faciliter la lecture, les articles de ce blog, maintenant terminé, sont classés par ordre chronologique.
Pour cela, les dates d'édition ont été modifiées, les articles plus anciens devenant les premiers à la lecture. Ce qui fait que la mention de bas de page "articles plus anciens" renvoie en fait aux articles suivants, plus récents.


Introduction générale de Jean-Marie Mengin.

Hormis le GR 5 (Mer du Nord – Méditerranée), le GR 9 (Jura – Côte d’Azur) et le GR 65 (sentier de St-Jacques-de-Compostelle), le massif jurassien est parcouru par d’autres GR et GR de pays créés par la FFRP (Fédération Française de Randonnée Pédestre).
Ainsi le GR 59 (sentier Vosges – Jura)  parcourt  le massif du nord au sud.
Deux autres petits GR  le traversent latéralement, d’ouest en est, reliant le GR 59 au GR 5 :
-          le GR 559 (Lons-le-Saunier – Les Rousses)
-          le GR 595 (Montfaucon – Les Alliés).

Enfin, des GR de pays couvrent le massif de parcours en boucle. C’est le cas du :
-          GRP Tour de la Petite Montagne
-          GRP Tour du lac de Vouglans
-          GRP Tour de la Région des lacs.

Je vous propose de découvrir  ces six GR  que j’ai parcourus de 1993 à 2000.


https://grjurassiens.blogspot.fr



GR 59


GR 59

Sentier Vosges - Jura

(Ballon d’Alsace – col du Chat)

-624 km


Le GR 59 relie les Vosges au Jura. Il débute dans les Vosges du sud, au Ballon d’Alsace, au cœur du parc naturel régional des Ballons des Vosges. Il traverse tout le massif jurassien depuis la vallée du Doubs, parcourt sa bordure ouest, le Revermont, puis son extrémité méridionale, le Bugey. Il se terminait auparavant dans le Jura savoyard : au col du Chat, sur les monts du Chat qui dominent le lac du Bourget. Actuellement son terme se situe à Yenne à sa jonction avec le GR 9.

J’ai parcouru ce GR, presque toujours seul, d’avril 1993 à avril 1997, jusqu’au col du Chat. Sentier de transition entre Vosges et Jura, il le fut aussi pour moi.
Parcouru au départ lors de mes déplacements d’Alsace en Franche-Comté, il est petit-à-petit devenu un sentier de proximité depuis Arinthod. Le GR s’éloignant progressivement, le temps de parcours s’est à nouveau allongé à plusieurs jours en approchant de son terme.

Vendredi 9 avril 1993 : Ballon d’Alsace – col des Roches.

Aujourd'hui est un jour férié en Alsace : Vendredi saint. Départ de Schiltigheim dans la matinée.
J’arrive en Trafic sur les contreforts du Ballon de Servance, près d’un étang (tourbière en formation). A partir de là, je monte à pied jusqu’au Ballon d’Alsace.

Le Ballon d’Alsace (1247 m) est le haut sommet le plus méridional du massif  vosgien, à cheval sur les départements des Vosges, du Haut-Rhin et du Territoire de Belfort. Ligne de partage des eaux Mer du Nord - Méditerranée, au cœur du parc naturel régional des Ballons des Vosges, c’est le point de départ et le point culminant du GR 59.
C’est au sommet, près de la table d’orientation, à la jonction avec le GR 5 (sentier Mer du Nord - Méditerranée) que débutent le GR 59 et le GR 7 (sentier Vosges - Pyrénées). Il y a là une vue des plus grandioses des Vosges. 


Les marques blanches et rouges des deux GR se dirigent sur la vaste croupe aplatie du ballon, vers la statue équestre de Jeanne d’Arc, symbole patriotique érigé en 1909 à deux pas de la frontière franco-allemande d’alors.
En longeant la limite départementale entre Vosges et Territoire de Belfort, je descends sur les chaumes vers le col du Ballon où passe la D 465. Je m’arrête à la terrasse du restaurant pour boire une bière. Passage du facteur, en provenance de St-Maurice-sur-Moselle. En bas, dans le département des Vosges, ce n’est pas férié !
Je passe devant le monument national des Démineurs et j’entre sous une belle forêt de hêtres. Je pique-nique sous le couvert des arbres.
Le sentier s’éloigne du Territoire de Belfort, atteint la limite départementale entre les Vosges et la Haute-Saône. Dégringolant un raidillon, j’arrive au col du Stalon (940 m), sur la ligne de partage des eaux entre les vallées du Rhône et du Rhin : jonction avec le GR 533 (sentier au rectangle vert).
Les trois GR ont un parcours commun sur le versant saônois et rejoignent le col du Luthier. Le versant sud-est dénudé, à peine buissonneux, du Ballon de Servance s’offre à mes yeux. A hauteur d’une murette de pierre, les GR 7 et 533 se dirigent sur le versant lorrain.
Le GR 59 quant à lui contourne les flancs du Ballon de Servance et pénètre  résolument en Franche-Comté, dans le département de Haute-Saône. Il rejoint une route à 1158 m, la suit un moment et entre sous forêt pour se maintenir sur une crête à une altitude proche des 1100 m.

A un moment donné, je quitte le GR et descends sur le flanc est pour rejoindre l'étang où j'avais laissé le Trafic. Je roule jusqu'à Plancher-les-Mines, remonte près de Belfahy, au col des Roches. J'y laisse le Trafic, continue à pied à travers le village, monte au col des Chevrères et rejoins le GR 59 par le plateau de Bravouse.

Le plateau de Bravouse est une tourbière d’altitude protégée. Le GR 59 la contourne par un large sentier dans les granites et porphyres et rejoint un col. Il reste d’abord sur la crête, surplombant le col des Chevrères, et descend ensuite au parking du téléski de Belfahy, village le plus élevé du département de Haute-Saône et modeste station de ski. Par un sentier forestier contournant les prairies, j’atteins le col des Roches où je retrouve le Trafic.

Je retourne alors dans la vallée de Plancher-les-Mines et m’installe au bord du ruisseau du Rahin. Je passe la nuit dans la camionnette, bercé par le bruit de l’eau du torrent descendant des crêtes vosgiennes.

Samedi 10 avril 1993 : Col des Roches - Ronchamp.

Au matin, je roule jusqu’au hameau de Montvilliers. De là, je rejoins à pied le col des Roches, en empruntant le GR 59 en contresens.

Je reprends ma randonnée au col des Roches, là où j’étais arrivé hier soir. Le GR 59 monte dans les sapins puis traverse une vaste étendue dénudée de fougères, les Prés Février. Il a gelé cette nuit, mais le soleil radoucit l’atmosphère. Le GR pénètre à nouveau en forêt. Au bord du chemin, sous les conifères, une petite tente : des randonneurs ont passé la nuit à cet endroit.
Je rejoins le hameau de Montvilliers où je retrouve le Trafic.
Le GR empruntant la petite route, je roule avec la camionnette jusqu’au hameau de la Chevestraye et monte au col éponyme. Près d’un mur de soutènement, le sentier va remonter la forêt d’Arobert sur les dernières cimes vosgiennes.

Pressé par le temps, je m’engage avec le Trafic sur un chemin forestier, uniquement autorisé aux grumiers, qui s’élève parallèlement au GR. Un camion que je croise difficilement me prévient : le garde forestier est dans le coin ; je risque un « topic ». Je rejoins néanmoins le hameau du Plainet où je retrouve le GR.

Le GR 59 rencontre les quelques maisons du Plainet, sur une cime à 700 m. Après l’ancienne école, il plonge sur le versant sud dans une forêt de hêtres.

Avec le Trafic, je contourne la cime et rejoins le sentier qui débouche sur l’autre versant.

Je continue à tricher : j’emprunte en voiture le GR pendant 5 km sur la route non goudronnée qui descend vers le ruisseau du Rhien et qui le longe jusqu’au hameau du même nom, en fond de vallée. Je roule encore sur le GR 59 jusqu’à une scierie.
Je laisse là le Trafic et grimpe à pied à travers une prairie puis en sous-bois sur le versant nord de la colline de Bourlemont. Je passe derrière un hôtel-restaurant, rejoins la route de Ronchamp et arrive à la chapelle N-D du Haut (472 m).
Due à Le Corbusier, cette chapelle fut achevée en 1955. Connue dans le monde entier, elle est un événement de l’art sacré contemporain, à l’architecture résolument moderne, toute blanche avec un toit gris. Oui, bon !... Je fais le tour de la chapelle, de l’extérieur. Elle est fermée.


De là, un sentier descend en sous-bois pour rejoindre Ronchamp, ancienne cité minière.

Quant à moi, je retourne chercher le Trafic avec lequel je descends à Ronchamp.
Dans l’après-midi, je roule jusqu’à Arinthod (Jura), où habite maintenant Viviane depuis le mois de mars.

*****

Mardi 20 avril 1993 : Ronchamp - Saulnot.

Je suis en congé pour la semaine.
A 8h30, je prends le train pour Belfort. De là, je rejoins à pied et en stop Ronchamp.

Sac à dos chargé pour quatre jours de randonnée, je commence à marcher au départ de Ronchamp, à midi.
Le GR 59 va parcourir le vieux pays minier vers le sud, dans la zone sous-vosgienne.
Traversant le Rahin, je quitte la ville par le chemin des anciens terrils. Je longe l’ancien puits de mine du Magny et m’arrête à la croisée des chemins près d’un étang pour casser la croûte.

Je reprends mon parcours en montant dans le bois. Je rejoins une large route forestière que j’emprunte jusqu’au lieu-dit Fontaine-Robert (source captée). Par une succession de chemins de coupe dans la forêt du Chérimont, je rejoins à nouveau la route forestière et atteins un carrefour, là où j’étais passé l’an dernier lors de la reconnaissance de mon parcours nord-sud. Là, je quitte le parc naturel régional des Ballons des Vosges.
Je poursuis sur la crête à une altitude de 500 m : bornes de 1740, armoriées des trois cornes de cerf du Wurtemberg.
Brusquement un chemin de coupe descend fortement sur Belverne par la Côte. Je traverse ce village dont l’église, la fontaine-lavoir et les maisons anciennes sont en grès rose. Géologiquement, on est bien toujours dans les Vosges. On est aussi dans l’ancien pays de Montbéliard, avec ses clochers à bulbe.
Grimpant sur la Côte Renard, je redescends par des chemins de coupe vers le sud, jusqu’au ruisseau des Terriers. J’atteins ensuite, dans la vallée, le village de Courmont. Le sac à dos pèse sur mes épaules. Et de plus il fait chaud. Je m’arrête dans un petit bistro pour boire un coup.
A la sortie du village, je prends la petite route de la Côte des Chênes puis je m’engage dans un chemin herbeux qui monte dans le bois du Triage. Plus tard, une allée forestière toute droite me mène à  Saulnot, dans la trouée de Belfort.
L’histoire de ce village est liée à l’existence de sources salées exploitées très anciennement. Les comtes de Montbéliard se servaient des puits pour concurrencer les salines du comté de Bourgogne.
Il est 18h. A l’entrée du village, je fais une halte dans un bistro pour boire quelques bières et me reposer après ces 21 km parcourus dans l’après-midi. Je ne suis pas pressé. J’ai l’intention de m’arrêter dans le coin.
Je traverse alors tout le village et emprunte la petite route en direction de Corcelles. Au point culminant (414 m), je m’introduis dans un pré, à côté d’un petit bosquet, pour m’y installer.

Assis dans l’herbe, j’ai une belle vue sur les Vosges saônoises que je viens de quitter. Je monte la tente et je mange sur place. Des lapins courent dans les prés.
Je me glisse sous la tente à la tombée de la nuit.

Mercredi 21 avril 1993 : Saulnot - Uzelle.

Réveil agréable sous le chant des oiseaux.
Je lève le camp à 9h, m’apprêtant à traverser la trouée de Belfort.
Par la route je rejoins Corcelles, puis par un chemin de terre j’atteins le hameau de La Chapelle. Suivant une petite route, le GR pénètre dans le département du Doubs, atteint Gémonval puis se dirige vers Courbenans. A l’angle d’un bois avant le village, il repasse en Haute-Saône, franchissant un petit pont.
Je gagne le sommet du bois de la Pérouse (534 m) : au loin, les premières falaises calcaires du Jura. Descente sur Courchaton. Pendant tout ce trajet, le soleil monte dans le ciel. J’en attrape un coup de soleil sur les bras.
Après avoir traversé le village, je mange dans l’herbe au bord de la route, en face des ruines d’un château. Obligé de me couvrir les bras, j’enfile un sweat-shirt pour repartir sous le soleil. Agréable, avec le sac à dos déjà lourd !

J’arrive à Grammont : maison à tourelle octogonale au centre, et église à toit bulbeux. A la sortie du village, la motte de Grammont sur la gauche, où s’élève actuellement une statue de la Vierge, supportait auparavant un château du XIVe siècle.
A nouveau dans le département du Doubs, je me dirige vers Bournois. Jonction avec le GR de pays Châteaux et villages de Haute-Saône. Vers l’ouest, à travers bois et champs, je gagne Abbenans. Puis, par prés et bois, j’atteins un calvaire à  l’est du village de Cubry. Je contourne la propriété du château de Bournel puis gravis la première barre rocheuse du massif jurassien.
J’atteins le sommet de la colline à 472 m, m’arrête à un belvédère puis longe la falaise calcaire. Vue plongeante sur le village de Nans en contrebas. Je poursuis sur le plateau, arrive à un abri forestier, rencontre le GRP des 7 Rivières puis descends sur Uzelle.

Il est 18h. J’ai fait 30 km aujourd’hui. C’est suffisant !
J’entre dans le village, assoiffé. Je cherche une épicerie, mais aussi un café. Je trouve une enseigne de bistro : une dame seule sort une bière du frigo de sa cuisine. On discute un peu. Elle fait ça pour passer le temps ; elle n’a pas beaucoup de clients...
Je quitte le village en direction du sud. Au bout d’un kilomètre, je repère un pré sur le bas-côté de la route qui pourrait me convenir pour bivouaquer. Je m’installe en contrebas, protégé de la vue de la route par un bosquet. Je passe la soirée au bord de la tente.
Des enfants traversent les prés, passent à côté de moi, disparaissent dans les bois environnants...

Jeudi 22 avril 1993 : Uzelle - Pont-les-Moulins.

Je quitte le pré à 9h, marchant vers le sud sur les bas plateaux du Jura, dans une alternance de forêts et de cultures.
A travers prés et bois, je gagne Montby, monte vers son château puis redescends sur un chemin goudronné vers Gondenans-Montby : long village étendu sur une rue principale. Je fais quelques courses dans une épicerie.
A la sortie du village, j’utilise un chemin de remembrement rectiligne traversant une grande plaine sans arbre et sans balisage : quelques tracteurs et quelques lièvres, c’est tout...
Je descends vers la ferme de la Grange-Certier, passe sous l’autoroute A36, remonte en forêt vers une aire de repos avec un monument. Je rejoins L’Hôpital-Saint-Lieffroy. Je passe devant plusieurs fermes, pénètre en forêt. Par un chemin blanc de calcaire, je rejoins une petite route qui me conduit dans la vallée du Doubs, à Hyèvre-Paroisse. Je m’arrête un moment dans un bar pour une pause.
Si la réalisation du projet vieux de plus de 20 ans du canal à grand gabarit Mer du Nord – Méditerranée se concrétisait, la vallée du Doubs disparaîtrait et serait noyée depuis ce village*.

Je rejoins la RN 83 Strasbourg - Lyon, franchis le Doubs pour entrer dans Hyèvre-Magny, sur l’autre rive. 


A la sortie du village, le GR grimpe sur les hauteurs.
A partir de là, le paysage revêt alors un aspect plus montagneux, et le GR va serpenter sur les crêtes de la rive gauche du Doubs où se succèdent de nombreux belvédères dominant cette importante voie de communication. Grimpant et descendant dans les rocailles sous couvert, le GR se maintient à peu près entre 400 et 500 m.
Depuis la fissure dite Fente de Babre, apparaît Baume-les-Dames, sur un méandre du Doubs, au confluent du Cusancin. Le sentier plonge alors dans la vallée et atteint un pont sur le Cusancin. Gravissant la montagne en face, il remonte jusqu’à la Roche-de-Châtard. De là, entre deux arbres, j’ai encore un beau point de vue sur la ville. Je redescends dans le bois par le versant est vers la vallée du Cusancin.

Il est 19h. J’arrive enfin à hauteur d’une clairière en bord de forêt, un kilomètre avant le village de Pont-les-Moulins. Fatigué par cette longue journée de marche, je dépose mon sac à dos. C’est là que je passerai la nuit. L’endroit est un peu tristounet : une clairière en milieu fermé, sans vue.
Au milieu de la nuit, je suis réveillé brusquement par un puissant aboiement rauque : un chevreuil qui a dû se trouver nez à nez avec la tente, placée sur son territoire ! Surpris, il s’éloigne rapidement, son cri d’alarme se faisant de plus en plus lointain...

* Heureusement ce projet sera par la suite stoppé net, à l’occasion de l’arrivée de Dominique Voynet au ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire, en 1997.

Vendredi 23 avril 1993 : Pont-les-Moulins - Deluz.

Je suis réveillé à l’aube par le concert des oiseaux mais je me rendors. Plus tard, je bois mon café devant la tente et lève le camp.
Je rejoins Pont-les-Moulins. Personne ne bouge dans l’hôtel-restaurant. Le sentier grimpe brusquement par quelques marches derrière les bâtiments et s’élève en lacets sur un plateau. Il traverse des coupes à blanc dans une sapinière, aboutit près de la ferme du Bois Rodolphe puis longe une falaise. A partir d’un gros rocher en forme de champignon, le GR descend dans les gorges de l’Audeux. Il remonte le lit du torrent, en un parcours souvent glissant. Retrouvant la forêt, je me dirige vers Silley-Bléfond. Après le village, je rejoins la ligne de crête qui surplombe à nouveau le Doubs. Je passe devant les ruines d’un château ; j’arpente la crête sur deux kilomètres.
Ensuite, c’est la descente en lacets vers la vallée. Je rejoins le hameau de Ougney-le-Bas, franchis le Doubs et atteins Ougney-Douvot.
Ce village, au bord de la rivière, est à la pointe du combat contre le grand canal. 


Il est 13h30. Je m’arrête dans un petit restaurant pour y manger. Partout au mur, des photos de la vallée. C’est l’occasion de discuter avec les patrons.

Je reprends mon parcours, longe des jardins et monte en forêt. Je chemine maintenant parallèlement à la rive droite du Doubs d’un côté, et la RN 83 de l’autre. Par champs et taillis, je gagne Petit-Roulans. Ce hameau  est situé au pied de la montagne N-D d’Aigremont qui le sépare de la vallée du Doubs.
Après les habitations, je m’élève dans une pâture, longe une clôture et franchis des chicanes avant de serpenter en lisière d’un bois. Je grimpe alors brusquement au sommet de la montagne et je rejoins un chemin de croix (qui accède sur la gauche à la chapelle gothique N-D d’Aigremont). Le GR, lui, tourne à droite et va suivre les pittoresques falaises de Laissey sur 3,5 km. Le bord des falaises est escarpé, le sentier dangereux et irrégulier. Il se fraye un passage en montées et descentes fatigantes dans les rochers, et il atteint un belvédère qui domine un magnifique méandre du Doubs.


Je débouche alors dans une vaste prairie que je dévale à pic à travers une végétation arbustive. J’arrive à Deluz, dans la vallée du Doubs. Je m’assois à la terrasse d’un café en attendant le train.

A 18h53, je prends un train à la petite gare de Deluz pour Besançon, puis de là un train et un bus jusqu’à Lons-le-Saunier où m’attendra Viviane.

*****

Vendredi 18 juin 1993 : Deluz - Morre.

Au matin, je pars en train, de Strasbourg à Besançon. Je mange dans un bistro à côté de la gare puis je reprends un train pour Deluz.

Descendant de la gare à 12h30, je traverse le village. Je grimpe par un sentier à la chapelle de Montoille, dans un beau cadre forestier ensoleillé.
Le GR se poursuit dans la même direction, entre Doubs et RN 83, essentiellement sous forêt. Il atteint les premières maisons de Vaire-le-Petit. Sans pénétrer dans le village, il franchit la voie ferrée puis le Doubs. A nouveau sur la rive gauche, je rejoins le hameau de Corcelle et continue par une petite route jusqu’à Arcier. J’emprunte alors le chemin des Sources et arrive en forêt près de trois sources captées.
Arcier est connue pour ses belles sources, dont les eaux ont été amenées à Besançon dès l’époque romaine par un aqueduc.
Je gravis alors une rampe d’escalier en pleine forêt (curieux effet, à cet endroit !). 


En haut, je débouche sur un sentier de sous-bois. Je rencontre le GR de pays Ceinture de Besançon qui se partage un parcours commun avec le GR 59. Je gagne une crête, longe un terrain de sport. Le soleil est sans pitié : je marche torse nu, passant derrière le fort de Montfaucon.
A un carrefour, je fais un détour vers un belvédère : panorama sur la ville de Besançon, dont le centre est enserré dans la boucle du Doubs. En contrebas, vestige du château féodal des Montfaucon, famille très puissante qui eut pour descendants cinq tsars de Russie, la famille royale de Wurtemberg et plusieurs princes d’Orange.
J’atteins le village de Montfaucon (500 m), carrefour du GR 59 et du GR 595 (sentier latéral du Jura montant vers le Haut Doubs). Le GR descend alors sur Morre, en ceinture de Besançon.
J’y arrive à 18h.

Je rejoins Besançon par le bus. Je prends un train pour Lons-le-Saunier où m’attend Viviane.


*****


Jeudi 28 octobre 1993 : Morre – RN83.

Dans la matinée, parvenu à Besançon, je monte en Trafic sur les contreforts de la ville, à la chapelle des Buis.
De là, je parcours à pied en sens inverse le GR 59 jusque sur les hauteurs dominant Morre.

Depuis Morre, le sentier monte à flanc de coteau et pénètre en forêt. Je reprends le cours de ma randonnée sur le GR 59 qui arrive au monument de la Libération (491 m) : belvédère, table d’orientation, sur une pelouse broussailleuse de colline calcaire. Soleil encore fort agréable.
Le sentier descend vers la chapelle des Buis et serpente ensuite en forêt. Cette crête, les monts des Buis, porte bien son nom : le buis est omniprésent à ces altitudes modestes des premiers plateaux du Jura où affleure le calcaire. Le GR se fraie un passage entre ces arbustes à bois dur et arrive devant le fort de l’Ouest des Buis.

Là, je rebrousse chemin pour retrouver le Trafic à la chapelle.
Je roule jusqu’à Beure. Je laisse le Trafic dans le village et emprunte à rebours le GR 59 vers le plateau.

Provenant du fort, le GR traverse un grand pâturage dans toute sa longueur. Il atteint une zone rocheuse et aride au bord du plateau qui surplombe le village de Beure.
Je descends par une pente raide dans la rocaille ; je rejoins une voie romaine, puis j’emprunte un sentier qui me conduit vers une cascade, dans un fond de vallon où se niche le hameau du Bout-du-Monde. 


Le GR serpente dans les ruelles typiques de ce hameau et atteint le centre de Beure. A l’extrémité du village, par quelques marches, il remonte vers une route bordée de maisons, s’engage sur la route de la Maltournée puis, plus haut, bifurque sur un chemin rural herbeux.

Je retourne chercher la camionnette et vais stationner au bord de la RN 83 qui monte de Besançon, à hauteur du rocher de Valmy. De là, je remonte le GR jusqu’au hameau de la Maltournée.

Le GR 59, arrivé à la Maltournée, hameau de la commune de Larnod, descend alors dans la forêt. Je fais un détour vers le rocher de Valmy : monument érigé à la mémoire des résistants franc-comtois du groupe Guy Mocquet. En une profonde forêt d’automne dans le jour finissant, on découvre depuis le belvédère un panorama sur la vallée du Doubs.
Je retrouve le GR et atteins la RN 83.

Avec le Trafic, je roule alors jusqu’à Quingey, je monte vers le mont de Cessey. Je m’arrête en forêt, au bord d’un chemin, pour passer la soirée et la nuit dans la camionnette. Repas au luminogaz.

Vendredi 29 octobre 1993 : RN 83 - Quingey.

Je descends le Trafic à Quingey. Je remonte en auto-stop sur la RN 83, à l’endroit où je suis arrivé hier soir.

A 9h30, je m’engage sur un chemin vicinal qui descend à Aveney, au bord du Doubs et du canal du Rhône au Rhin. Séparation d’avec le GRP Ceinture de Besançon.
J’emprunte le chemin de halage qui suit le canal. Il a gelé cette nuit. A l’ombre de la montagne, il fait encore bien froid. Au bout de 3 km, à la Double Ecluse (gîte d’étape), le canal rejoint le Doubs. Je continue le long de la rivière sous un soleil retrouvé. A hauteur d’une autre écluse, je bifurque dans une prairie, et je monte par une série de lacets jusqu’à la chapelle N.D. du Mont (379 m).
Bâtie vers la fin du XVIe siècle, elle fut détruite pendant la Révolution et rebâtie en 1912.
Des jeunes pétaradent en mobylette sur le site.
Par les bois, je descends vers Boussières. Sous le clocher roman du XIIe et le porche du XVIe siècle, je retrouve les mobylettes, sans les jeunes... A travers champs, je monte vers le coteau. Quittant la vallée du Doubs, le GR 59 s’élève dans les bois, débouche sur un plateau, pénètre dans le bois de la Taille. Il rejoint les plateaux centraux du Jura. Suivant une direction parallèle à la crête, il se poursuit sur une ancienne voie romaine. Le sentier passe devant la croix de Mont Gardot (monument commémoratif de la guerre de 1870) et emprunte la voie romaine pendant plusieurs kilomètres.
Il fait très beau. Je marche le long de pâtures où paissent les montbéliardes.
A 15h30, j’arrive à Quingey, dans la vallée de la Loue.
Village natal d’un pape (on s’en fout !), ce fut une ville fortifiée, du XIIe au XVIIe siècle, apanage du duc de Bourgogne. Point de communication privilégié sur la route Strasbourg - Lyon, elle devint une bourgade commerçante.

Y retrouvant le Trafic, je roule vers Arinthod.

*****

Lundi 17 janvier 1994 : Quingey - Alaise.

Depuis Arinthod, je pars en voiture dans le Doubs.
De 9h30 à 17h, je vais marcher sur le GR 59 par petits tronçons aller-et-retour, rejoignant la voiture à chaque fois, puis la déplaçant un peu plus loin.

A partir de Quingey, le sentier pénètre dans le domaine forestier. Les quelques localités traversées n’offrent guère de possibilité d’hébergement.
Franchissant la Loue, le GR longe un terrain de camping, traverse une pâture et s’engage dans un sentier boueux sous forêt qui borde la rivière. Au bout d’un moment, je quitte les bords de la Loue et monte par un chemin de plus en plus enneigé jusqu’à Cessey. Après le village, le sentier gravit la colline et rejoint la D101.

S’orientant plein sud, le GR s’engage alors dans une allée forestière et se poursuit en forêt, dans une neige qui s’épaissit. D’ailleurs, en cours de route, il se remet à neiger pendant quelques temps.

A hauteur de Goux-sous-Landet, le GR se poursuit à nouveau sur un chemin forestier puis débouche sur une vaste clairière immaculée. Il rejoint alors une route qu’il emprunte et coupe par deux fois.

Encore trois km en forêt dans la neige ou la boue. Je m’arrête pour manger un repas tiré du sac, sur un banc, les pieds dans la neige, juste avant les premières maisons de Bartherans.

Après le village, le GR continue sur route puis sous forêt, longe une grande pâture, descend à hauteur d’une décharge puis rejoint Myon.

Le sentier blanc et rouge traverse le village et, après un pont, pénètre en forêt. Silence feutré des grands espaces forestiers sous la neige.
Franchissant une crête, il se dirige sur le village d’Alaise.
Ce village a soulevé à la fin du siècle dernier de vives controverses entre archéologues. Il a été l’un des lieux présumés de l’emplacement d’Alésia, l’oppidum gaulois de Vercingétorix : analogie des toponymes, existence de lieux-dits paraissant conserver des souvenirs de la bataille. Cette thèse a été abandonnée rapidement.
Au centre du village, une sculpture est dédiée à Alphonse Delacroix, l’architecte à l’origine de cette thèse.

*****

Vendredi 21 janvier 1994 : Alaise - Salins-les-Bains.

Jonction avec le GR 590 dans le village d’Alaise : parcours commun.
Je triche avec le GR 59 : face à un calvaire, dans la matinée, je m’engage en voiture sur le sentier de grande randonnée dans un chemin de terre qui, à travers champs, gagne la forêt. Je roule pendant 5 kilomètres sur une piste enneigée au travers des chênes et des hêtres ; je rejoins un carrefour avec la D492, à 540 m d’altitude.

Je gagne ensuite Salins-les-Bains. Je reviens alors en auto-stop jusqu’au carrefour.

Le GR 590 se poursuit vers l’est. Le GR 59 emprunte un chemin qui se dirige vers la M.F. (maison forestière) du Bas des Terres. Le chien local me fait comprendre que je dois passer mon chemin. OK ! A hauteur d’une fontaine à blason, je fuis sous une ligne électrique dans le département du Jura ! Je rejoins bientôt la route puis, à la corne d’un bois, je remonte vers le nord. Je continue par un layon et je retrouve peu à peu la neige.
A nouveau dans le Doubs, je franchis des barres rocheuses, descends dans un bois de sapins, rejoins un large chemin. Temps mitigé : de brutales chutes de neige, puis du soleil. Je m’arrête sur des arbres coupés en bord de chemin pour manger.
Quand je reprends mon parcours qui longe un ruisseau, je passe à côté d’une fontaine pétrifiante, provoquée par le ruissellement de l’eau sur le calcaire. J’arrive au Gour de Conche : une très belle cascade sur un petit ruisseau, au début d’une vallée encaissée. Après le pont, je monte vers l’ouest en longeant la limite des départements du Doubs et du Jura. Je contourne un pré et me retrouve définitivement dans le Jura.

Le parcours devient plus montagneux, le dénivelé plus important. Je rejoins une large route forestière à une altitude de 800 m. A demi-enneigée, elle me conduit jusqu’au mont Poupet (850 m), point culminant et premier obstacle de toute la région : point de vue sur la plaine de Bresse et le plateau de Côte d’Or.
Je descends vers le sud jusqu’à un belvédère : point de vue sur les plateaux et chaînons du Jura. J’emprunte un sentier à flanc de montagne et rejoins une route départementale. La neige a disparu.
En haut d’une sapinière, je passe à la chapelle de Clucy (638 m). Là, je retrouve un peu de neige. Un chemin descend alors vers le village du même nom. Par une route empierrée à travers les prés, j’atteins Baud, joli hameau dominant la vallée de la Furieuse. Le GR contourne le flanc de la montagne, sous le fort Belin, et gagne Salins-les-Bains (331 m).
Ville bâtie toute en longueur dans l’étroite vallée de la Furieuse, elle a conservé des fragments de remparts et de vieilles tours. Lacuzon, le héros franc-comtois, y tira en 1674 ses derniers boulets sur les troupes françaises. Les salines y étaient déjà exploitées du temps des Romains. Aujourd’hui les eaux salées ne sont plus utilisées que pour l’établissement thermal.
J’arrive à Salins peu avant la tombée de la nuit. Je vais boire une bière dans un bistro, avant de repartir pour Arinthod.

*****

Lundi 21 mars 1994 : Salins-les-Bains - reculée du Fer à Cheval.

Parvenu à Salins-les-Bains où Viviane m’a déposé, je commence à randonner à 9h30.
Passant sous le porche de l’hôtel de ville du XVIIIe siècle et traversant la Furieuse, je gravis par un étroit sentier l’autre versant de la vallée. Le temps est couvert. Je grimpe dans une végétation humide jusqu’au fort St André (608 m) : construit en 1674 par Vauban, c’est un bon exemple de l’architecture militaire du XVIIe siècle.
La pluie se met à tomber et j’entre en forêt. Après la traversée d’un pâturage, j’arpente maintenant un bois de buis, par un sentier étroit sur une ligne de crête. La pluie s’est transformée en brouillard, rehaussant l’odeur forte du buis qui s’exhale. Je passe près de l’aire d’envol des deltaplanes. Le temps est bouché : on ne voit rien.
Je sors du bois, longe une pâture sur un plateau : jonction avec le GR 59A. Je passe à proximité de la croix de Pretin et descends par une succession de lacets au village éponyme. Je poursuis par un chemin de terre vers l’ouest, traverse le bois Perrey. Une petite pluie fine tombe maintenant. Une cabane rudimentaire de chasseurs me sert d’abri pour casser la croûte.


Je rejoins un pont sur la voie ferrée Paris - Vallorbe. Depuis là, je domine Montigny-les-Arsures, village viticole. Le GR a atteint la bordure ouest du massif jurassien, le Revermont, qu’il va suivre jusque dans le département de l’Ain.
Gigantesque escalier, le Jura s’étage progressivement de la plaine de Bresse à l’ouest jusque vers les hautes chaînes à l’est. Le Revermont en est la première marche, entaillée de vallées, les reculées, larges et abruptes échancrures dues à l’érosion.
Je longe la voie ferrée et m’arrête un peu plus loin, à hauteur d’un réservoir. Le GR s’élève dans des prés-bois, redescend pour passer sous la voie ferrée et débouche dans les vignobles. Une table d’orientation domine Arbois. Au seuil d’une belle reculée sur la Cuisance, entourée de vignes, c’est une petite ville pittoresque.
A travers les vignes, je descends jusqu’au terrain de camping. Le GR va effectuer maintenant un long détour vers la reculée du Fer à Cheval. Quittant la ville, il traverse des vignes et gagne Mesnay. Il en sort pour monter vers un fond de vallée. Il revient par l’autre versant, traverse la départementale et monte vers le plateau, en longeant les falaises jusqu’au belvédère de Parençot. Le GR rejoint la voie ferrée Paris - Vallorbe qui passe ici sous de nombreux tunnels dans un site sauvage. Puis il descend dans le bois de la Côte Versée, par des chemins boueux à travers de nombreuses propriétés privées.
Je franchis la Cuisance à l’entrée des Planches-près-Arbois, petit village qui verrouille la reculée du Fer à Cheval. Je longe la Cuisance pour gagner le fond de la reculée, site humide d’éboulis. L’une des sources de la Cuisance y franchit en cascade un amoncellement de tufs. Je passe dans des éboulis glissants dominant la source et, sur l’autre rive, j’emprunte un chemin qui me ramène au village.
Il est 17h30. J’attends Viviane devant une chapelle jusqu’à la tombée de la nuit.

Comme elle tarde à venir, je marche dans la vallée jusqu’à Arbois où l’on se retrouve vers 19h30.


*****


Dimanche 3 avril 1994 : Reculée du Fer à Cheval - Poligny.

Depuis Arinthod, navette avec deux voitures.

Au centre du village des Planches, j’emprunte à 11h20 un ancien chemin de diligences qui monte en pente raide au sommet des falaises. On remarque les ornières creusées dans la roche par les roues des véhicules. Arrivé au sommet, le chemin passe dans un étranglement entre deux rochers, coupe-gorge idéal pour une attaque de diligence ! Le GR emprunte alors un sentier longeant la falaise et menant au belvédère du Fer à Cheval : la vallée s’ouvre, béante, 250 mètres plus bas, se terminant brutalement par un bout du monde spectaculaire, un cirque en forme de fer à cheval entre les falaises.
Je rejoins là, près du café-souvenirs, Viviane qui était montée par la route en voiture. Nous allons continuer la marche ensemble.

Sur le plateau, on trouve encore de la neige. Par des routes et chemins forestiers, le GR longe l’autre versant de la reculée, rejoint la sommière de Grandmont (allée coupe-feu rectiligne) et gagne le bord de la falaise d’où l’on a une vue sur la vallée. Nous nous engageons ensuite dans l’allée du Roi de Rome, à l’aplomb d’Arbois. Quittant les hauteurs de la reculée, nous retrouvons la bordure du Revermont et descendons vers Pupillin, village au vignoble réputé. Nous y retrouvons le Trafic.

Nous allons rechercher l’autre voiture puis mangeons dans le Trafic. Nous faisons ensuite une nouvelle navette avec les voitures.

Nous sortons de Pupillin par l’ancienne route impériale. Peu après, bifurquant dans les champs, Viviane ramasse des fossiles qui affleurent dans la terre retournée, reliquats des couches sédimentaires calcaires de l’ère secondaire.
On va maintenant longer la bordure viticole vers le sud-ouest. On passe à l’amont du village de Buvilly, on longe des vignes. Le chemin doit être propice à la philosophie : j’apprends de la bouche de Viviane que je ne suis pas un épicurien !
On traverse ensuite à flanc les gorges de Greubey puis on monte à travers bois sur le plateau. Parvenus à la roche du Pénitent, nous suivons sensiblement la bordure de la corniche. On chemine sur des pelouses calcaires et dans une végétation buissonnante (buis et genévriers), sous un soleil qui a fait son apparition. On arrive au-dessus du Trou de la Lune (grotte) : nous y avons une vue étendue sur la culée de Vaux, Poligny et la Bresse. Il nous reste à descendre en pente raide et gagner le centre de Poligny pour 18h45.

*****

Dimanche 17 avril 1994 : Poligny - Passenans.

Viviane et moi arrivons dans la matinée à Poligny. J’emmène la voiture et rejoins Viviane en stop.

Poligny est une petite ville viticole dominée au nord par le rocher de Grimont, au sud par la croix du Dan, et située à l’entrée d’une reculée, la culée de Vaux.
Quittant le centre de la ville à 11h20, nous nous dirigeons vers l’est dans la culée de Vaux.
Le temps est sombre. On longe d’abord la Glantine puis on s’élève par un sentier pour rejoindre Vaux-sur-Poligny, petit village bâti dans la culée. On traverse la Glantine sur un pont de pierre ; on remonte sur l’autre rive, retournant en direction nord-ouest et gagnant le bois.
De nouveau à hauteur de Poligny, nous montons rudement par quelques lacets très raides sur le plateau. Par moments, il est nécessaire de s’agripper avec les mains. Nous arrivons à la croix du Dan (511 m), élevée à l’extrémité d’un promontoire rocheux qui domine la ville et la culée. Malheureusement nous sommes en plein brouillard, et la vue est bouchée. Nous sommes sur un plateau calcaire caractéristique, de type karstique, où ne pousse qu’une maigre végétation. Nous suivons un sentier taillé dans les buis et nous arrêtons un peu plus loin sur des rochers pour pique-niquer.
On continue ensuite sur le plateau vers le sud, parallèlement à une route. Le GR nous mène d’abord à Plasne puis par une route empierrée descend en quelques lacets sur Miéry. Plus loin vers l’ouest, nous franchissons le bief de Noire Fontaine et le ruisseau des Bordes. A l’entrée du hameau des Bordes, Viviane préfère m’attendre là, sous une grange, et me laisser poursuivre seul.
Je monte alors en pente raide dans le bois Touiller. Je traverse le bois, et je descends à travers prés jusqu’à l’entrée de Passenans où je retrouve la voiture à 16h45.

Je retourne chercher Viviane aux Bordes. Elle a dormi pendant tout ce temps dans la grange.

*****

Samedi 7 mai 1994 : Passenans - Granges-sur-Baume.

Arrivé sur place avec Viviane, je démarre seul de Passenans, à 10h, sur le GR 59.
Je quitte le village en longeant un ruisseau, et je remonte vers le plateau : panorama au belvédère de la Roche Ronde.
Par une laie forestière puis une trace peu marquée le long d’une lisière, je poursuis vers le sud, atteins un oratoire. Je m’engage ensuite dans les bois puis serpente dans les prés. Près d’un calvaire, je descends un chemin empierré qui mène à un abreuvoir. Alors, à travers prés, je gagne Ménétru-le-Vignoble, niché au pied des falaises.
Le GR traverse le village et s’engage au milieu des vignes. Il s’insinue entre les falaises et la partie haute du vignoble pour descendre sur une petite route. De là, il remonte à l’assaut du plateau, débouche en bordure d’une grande pâture. Il va maintenant longer le haut de la falaise. Le sentier passe ensuite sur un vieux mur de pierres sèches puis à l’intérieur d’un ancien abri de berger. Il longe alors un haut mur bordant une propriété. De l’autre côté, une grande prairie.
Le GR 59 arrive à un carrefour coté 477 et emprunte une ancienne voie romaine par laquelle il rejoint Château-Chalon.
Célèbre haut-lieu du vignoble jurassien, c’est un site moyenâgeux admirable, village médiéval construit en nid d’aigle. Son château du IXe siècle a été détruit par Louis XIV lors de la conquête de la Franche-Comté. Dans le village, départ d’une variante directe évitant la reculée de Baume-les-Messieurs.
Je retrouve Viviane qui m’attend près de l’église du Xe siècle.








Nous retournons avec la voiture au carrefour coté 477 par où je suis arrivé tout à l’heure. Nous sortons la table de camping et nous installons au soleil au bord du chemin.



Dans l’après-midi, je quitte Château-Chalon en suivant le rebord de la falaise. Passant à la Croix de Pierre, je m’engage sur un chemin revêtu qui gagne le bois de Véru. Je descends à Blois-sur-Seille, dans un des lobes de la reculée menant au cirque de Ladoye, sur une des branches de la Seille. Je remonte en face vers le hameau de Chaumois-Boivin. En haut de la falaise se trouve un belvédère et le départ d’un téléphérique servant à descendre le lait à Blois-sur-Seille, des plateaux vers la coopérative fromagère.


Le GR se poursuit sur le plateau, traverse une
combe et des bois, passe au hameau de la Saugiat et, dans un paysage de prés-bois, atteint Granges-sur-Baume. Passant devant la fruitière à comté, il arrive sur la place du village où m’attend Viviane à côté d’un belvédère. La commune est située au-dessus du goulot d’étranglement de l’échancrure de Baume-les-Messieurs : point de vue impressionnant sur les cirques de Baume et de la Seille-sud d’où sourdent les résurgences du Dard et de la Seille.

*****

Samedi 9 juillet 1994 : Granges-sur-Baume - Perrigny.

Alexia (19 ans) m’emmène en voiture pour 9h30 à Granges-sur-Baume.

Le GR 59 se poursuit sur le plateau le long de la D210. A un carrefour, il continue dans le bois puis bientôt se rapproche des falaises qu’il va longer : très beau point de vue sur la source de la Seille et la vallée de St-Aldegrin. Le GR serpente sous forêt tout au bord de la reculée, sans protection. Vu la hauteur du précipice, mieux vaut être prudent.
Quittant le bord de la falaise, le sentier s’enfonce dans le bois de Romboin. A la sortie du bois, il arrive sur une petite route, au lieu-dit Sur Roche.
Ici est situé le belvédère des Roches de Baume, avec un point de vue remarquable sur la vallée de Baume-les-Messieurs, constituant le type le plus représentatif des reculées jurassiennes. 


On ne peut qu’être saisi par cette entaille prodigieuse, sa profondeur, l’épaisseur des bancs de roches qui couronnent la falaise. [A proximité du point de vue, un sentier accidenté de marches taillées dans le roc, les Echelles de Crançot, mène au fond du cirque d’où jaillit le Dard.]
Le GR emprunte une route qui contourne la reculée puis traverse le hameau de Sermu, bâti autour d’une rue circulaire. Un chien éclopé m’accueille vertement. Je continue par un chemin qui va longer à nouveau les falaises sur un kilomètre. Là aussi, de dangereux à-pic incitent à la prudence. Je m’engage alors dans les Echelles de Sermu, passage raide en escalier qui descend tout droit dans la vallée.
J’arrive ainsi à Baume-les-Messieurs : village de bout du monde, niché à la croisée de trois reculées, dans un site encaissé bordé de falaises où coule la Seille. Le village s’est constitué autour d’une abbaye bénédictine fondée au VIe siècle par Saint Colomban, d’où partirent en 910 les douze religieux qui allaient fonder l’illustre abbaye de Cluny.
Les vestiges de l’abbaye sont superbes, les plus anciens datant du XIe siècle. Je parcours les lieux : passages voûtés menant à des cours extérieures.


Je quitte le village, longe la Seille à travers un terrain de camping. Après un pont, j’emprunte une route au milieu des prairies en fleurs. Puis le sentier quitte la vallée et grimpe en un fort dénivelé vers la croix du Gibout.
Sur le plateau, à nouveau sur le Revermont, le GR traverse une série de hameaux et descend au milieu des buis à la chapelle N.D. de la Salette. Un peu plus bas, il retrouve la variante provenant de Château-Chalon.
Alors, à travers les vignes, je parviens à Lavigny. Je sors du village, longe la lisière du bois de la Côte et remonte le fond d’un vallon. Le sentier s’élève ensuite vers le plateau, à 560 m. Par une laie forestière, j’arrive à la plaine du Serein où coule une fontaine. C’est une vaste clairière au milieu de la forêt, plantée de tilleuls séculaires, qui doit son nom à une importante foire aux oiseaux qui s’y tenait autrefois. Un peu plus loin, j’atteins la plaine des Tilleuls, vestige là aussi de la vaste prairie qu’était au XVIIIe siècle l’actuelle forêt de Perrigny. Les tilleuls restés intacts sont devenus plusieurs fois centenaires au milieu de la forêt. Le lieu est un peu magique !


Je poursuis la descente par une route empierrée, je passe sous un pont de chemin de fer et j’atteins la vieille église du XIIIe siècle de Perrigny, village qui domine Lons-le-Saunier.
Viviane et Alexia m’y attendent à 16h30.

*****